Une batterie de 75

  Embarquement à Raynal* le 6 Sept 1914 à 13h, Départ à 15 h. Failli manquer train, monté en marche, dans une écurie, avec Massé**, dans un arrêt sommes montés en 3ème classe, étions trois dans le compartiment, pendant tout le voyage: Massé, Amiel***, et moi.

*Gare Raynal de Toulouse.
**Louis Massé né à Toulouse est un ami de longue date. Ils habitent à proximité (rue d'Aboukir & Avenue de la Gloire). Louis est tailleur de pierre et vit au cimetière de Terre Cabade. Ils intègrent ensemble le 57è RAC (qui subira de très lourdes pertes) puis le 18è en novembre 1914. Il sera gravement intoxiqué au gaz Ypérite à Verdun en 1918 et survivra à la guerre en souffrant toujours de douleurs abdominales.

*** Julien Amiel, sera passé au 49è RAC le 1er Août 1915.

Quatre jours et 3 nuits chemin de fer nombreuses haltes de 2, 3 et 4 heures

Itinéraire

(.... 2 lignes blanches...)

Débarqué à Piney (Aube) à 16 h le 9 Formation colonne à pied, réquisition voitures pour transporter nos sacs. Partons pour rejoindre le 57ème p[ertes] en hommes et en chevaux.

* le 57ème RAC a subi de sérieuses pertes.

11 Sept. Camp de Mailly*, halte de nuit en plein Camp, couché sous un arbre, à coté du 2ème génie, pas dormi .... p... nous s.... ..... matin, étonné trouvé Benja, Jules, Brial qui s'en vont à .... ..... Quittons le camp à 9 h. ..... ....... chevaux, munitions B....

* Aube

Position des armées le 11 septembre. Le Camp de Mailly est au centre, à coté du carré vert clair indiqant 9° DC.

abandonnées dans la retraite Bouteilles de champagne.

Dernier jour de la Bataille de la Marne

12 Sept. halte ferme de la croix rouge Transport de blessés Boches receuillis dans un bois à 500 m, blessés de la veille, manque un lapin sauté Vu ...ignon. 15 h départ de la colonne, toujours camp de Mailly. Cadavres Boches amochés, un ..... de 15 près d'un poteau télégraphique. 22 h nuit noire Massé me conduit, chemins boueux, tortueux, croise ravitaillement munition égaré ne savons quelle route prendre enfin partons - trouvé une patrouille fantassins 59ème 8 hommes dont un capoal et 1 sergent, fusillés par les Boches, les mains liées derrière le dos, leurs cartouches rangées sur leur corps*.

* Cet épisode est signalé dans le JMO (Journaux des Marches et Opérations) du 57è RAC au 11 septembre. Il s'agit de fantassins du 88è RI.

13 Sept. à la nuit passons ferme de l'Epine, blessés, tombes, nuit à la belle étoile.

14 Sept. au matin, déjeunons Singe, cherchons de l'eau à 3km, eau sale, pas de pain, biscuits, troupes allant prendre position, infirmier Lannes, le fils Albert qui s'était perdu - départ de la colonne à 13h - nouveaux cadavres français.

(.... demi page vide...)

17 Sept. à 14 h traversons Suippes que les Boches ont évacué le matin - faubourg incendié - Départ de vin bombardé, la troupe pénètre dans les caves, Massé en tête avec 2 seaux, fûts crevés, vins blancs .....

17 Septembre: Dernier jour de la Bataille de la Marne. Position des armées.

halte près de la ligne chemin de fer, repas 14 h 30 - bombardement continu, aéras,

(.... 2 lignes blanches...)

19-20 Sept. Courtisal* (Marne) vin à 0-60, puis la garde,

Indisposé

le 20 à 12 h départ pour Tilloy Bellay* - trouvé Roc - dépots des 18-23-57 et 9 artillerie train des équipages - Varain le chanteur - 20 - 21 - 22 - 23 - 24 - 25 Sept - dans la nuit du 25 au 25 attaque Allemande Alerte à 3h du matin.

* Tilloy et Bellay, dans le carnet le T de Tilloy pouvait être confondu avec un V.

prêts à reculer ou à avancer, mais ne bougeons pas car l'attaque a été repoussée et avons repris nos positions et gagné un peu de terrain - Grandes pertes Alemandes et Françaises, nos fantassins avaient été surpris -

27 - 28 - 29 toujours à Tilloy - Vu Aujaulet - Monarque à qui l'on faisait 1000 misères -

29 Sept - départ pour Somme - Suippes 30 - 1er Oct. 2 - 3 - 4 - 6 - 7 - cantonnés dans une grange avec émigrés Belges, Corvée au champ de batailles pour enterrer les cadavres du combat du 26 Sept -

Passage du train allant à Ste Menehould Chasse aux lapins, bouché chocolat, vin, cognac. Prisonniers allemands faisant des corvées dans Sommes Suippes dont un sous-off très gentil, causant français. Assisté au conseil de guerre le dimanche matin 4 Oct. de 2 frères jumeaux du 59ème en civil. 2 ans de prison, l'après-midi aux vêpres, l'abbé distribue des sacrés-coeurs. Major de Chalons impitoyable pour le 17ème Corps le 5 Oct. après blessure du petit Rivals par le petit Eugène.

7 Oct. Départ de Somme Suippes pour Laval sur Tourbe en passant par Somme - Tourbe -

8 Oct. à Laval étions avec Massé au Calvère sur un culeau quand un Taube nous lança les prospectus "Français Rendez-Vous".

9 Oct. avec un détachement du 2ème génie avons creusé des tranchées et abris mitrailleuses.*

10 Oct. Corvée de douilles et équipements en avant de Wargemoulin, trouvé pour la deuxième fois Benja, Brial, Jules après que Raymond Lavergne** était blessé.

* Il effectue des travaux subalternes qui ne correspondent pas à l'artillerie. Ceci s'explique par le fait qu'il était cavallier en 1911, passé à l'artillerie en août 1914, parti au front un mois après, il n'était pas assez formé pour l'artillerie qui demandait 6 mois.

** Raymond Lavergne, blessé le 10 octobre 1914, repart aux armées le 1er Novembre 1914.

le 10 Oct. au soir retour à Tilloy en passant par Somme-Tourbe, la Croix en Champagne, Vieux Bellay et Tilloy, trouvé en route Henri Devèze - en arrivant à Tilloy, retrouvé Roc avec qui avons soupé, bon repas, riz, absinthe, couchons ensemble Geansac* - Repas toulousain le 16 Oct.

* Geansac ? ne correspond ni à un nom de famille ni à un village. Pourrait être le nom de famille Gensac ?

En Dépot à Tilloy, jusqu'au 14 Décembre. Vie régimentaire, manoeuvre d'artillerie, revues, etc

le 5 Nov. détachement menant chevaux de Toulouse. Envoyé nouvelles par un toulousain car les hommes repartiront le lendemain -

8 Nov. incendie d'un cantonnement, de piquet pendat 4 h de nuit.

12 - nouveau incendie, cantonnement d'officiers - résultat cuisine en plein air, fabrique guitoune dans le parc.

Le 16 Nov. Début du JMO de la Batterie.

La batterie est formée à Tilloy Bellay avec : Capitaine Augé, Lieut. Dozoul (complémént), Sergent Mondin, en complément, 15 sous Off. 956 hommes de troupe, 154 chevaux.

Le 16 Nov. Jean LUPIS passe au 18è d'artillerie (idem Louis Massé). De ce fait il "passe aux armées" c'est à dire dans une unité de combat. Il n'est plus dans un service "auxiliaire" du 57è RAC.

Le 20 Nov. Sergent Royer, de l'armée active est mis en surnombre.

Un groupe d’artillerie comprend 3 batteries, chaque batterie comprend 4 pièces ou canons de 75 mm. Jean est à la 3e batterie, 9e pièce (nous le saurons plus loin dans son récit).

26 - Visite officiers étrangers alliés et neutres - reçu 17 lettres à la fois.

27 - Passage Poincarré - visite journalistes avec officiers Etat major.

27 Novembre : Le Capt. Augé passe au 3è groupe faisant fonction de Commandant. Le Lieut. Bonneval passe à la Cie faisant fonction de Capt. Commandant.

14 Décembre- départ Tilloy à 9 h pour laval* - de tout le premier groupe du 18ème. Vu Henri** en route, Vu Jules, et Brial, Benja aux éclopés. le soir de garde au parc.

* Laval sur Tourbe - Marne.

** Henri Devèze n° 14305 tué à la Côte du Poivre le 15 Décembre 1916.

15 Décembre- Baptème du feu* - 1ères positions, objectif, tranchées brunes, réglage du tir

* Position des armées le 15 Décembre 1914, Laval se trouve à peu près au centre de la ligne Reims - Verdun, légèrement au Nord-Est de Ste Menehould. Voir 17è Corps d'Armée en face de la 4è armée Allemande.

Le 15 Décembre la batterie prend position à 800m S-SO de la côte 189 et règle sur les "tranchées grises".

du 15 au 19 - rentrons chaque soir à Laval pour coucher car avions pas construit d'abrits - 18 - touché soute et munitions - 19 - première nuit sur la ligne de feu. Sous-Off Dejean* Toulousain - 4ème pièce - Massé 7ème pièce -

* Marcel Antoine Dejean même âge que Jean, engagé volontaire en 1907. Il est maréchal des logis sous-chef de pièce (1 pièce = 1 canon). Il passa aussi du 57è au 18è RAC, en novembre 1914. Il sera militaire de carrière (1914-1928). Il existe aussi Henri Vincent Paul Dejean 18ème Régiment d'infanterie mort au combat à Maronvillers, le 26 Avril 1917. C'est me semble-t-il de ce Dejean dont parle Jean Lupis.

20 Décembre - Dimanche à 8 h matin - les français prennent l'offensive sur tout le front de la ...... à Belfort à la même minute attaque générale - terrible canonnade sur le front de notre division qui est la 33ème* étendue de 4 km - 196 pièces ont ouvert le feu, tir à volonté pendant 8 mn - puis les fantassins sont montés à l'assaut - grandes pertes chez les Boches - avons eu 2 Compagnies du 20ème prisonniers et avons gagné les tranchées brunes - d'après certains de nos fantassins les allemands étaient tellement démoraisés qu'ils se tuaient entre eux.

* La 33ème division d’infanterie est composé à cette date des 7e, 9e, 11e et 20e régiments d’infanterie, de 3 groupes du 18e d’artillerie, d’un escadron de cavalerie (9e chasseurs à cheval) et d’élément du 2e régiment du génie.

La Cie bivouaque sur la position. A 8H30, attaque des "tranchées grises". Le Lieut. Royer passe à la 1ère Cie, il est remplacé par le S-Lieut. Lenhardt, S-Lieut. de l'armée active.

21 et 22 - calme

Pas de tir.

* Cette information n'est pas dans le carnet au quotidien mais dans une annexe.
Information identique dans la fiche militaire au nom de Jules Raymond Marcel SUDRE aux AD 31, 14è RI au 10 octobre 1913, matricule 1053. Il est tué le 22 décembre 1914 à Perthes-lès-Hurlus (51). Toulousain aussi, il venait d’avoir 22 ans…

** à Souin - Perthes les Hurlus - Marne, âgé de 22 ans.

23 Décembre - reprise de l'attaque, fait quelques prisonniers, dont 1 officier, ce sont des Prussiens - trouvent notre 75 et nos explosifs terribles - il a neigé dans la nuit.

A 14H, Tir sur les " tranchées grises".

25 - touché dans de diverses maisons et usines

La batterie prend position 800m plus à l'Est, au S de 189. Elle règle sur les "tranchées blanches". Pas de tir.

26 - changement de positions, à 800 m sur la droite des premières

Pas de tir.

27 et 28 - couchons aux cagnas des premières positions,

Pas de tir.

29 - couchons aux 2èmes positions où avons fait des cagnas,

Pas de tir.

30 Décembre - attaque de la 33ème division - l'artillerie avait fort bien réussi à faire l'ouverture de la brèche, mais l'infanterie n'a pas bien marché -

Attaque des "tranchées blanches".

de garde la nuit du 31 au 1er janvier 1915 - touché champagne, changé de chef de pièce, Rey Sous-Off de Grisoles -

Tir de démolition sur "tranchées blanches".