Carnet de route de Jean LUPIS

"Bon Papa Jean"

 Epilogue

Je ne commenterai pas ces années épouvantables et inhumaines puisque Bon papa n'a pas jugé opportun de le faire.
Respectons ce silence qu'il n'a rompu qu'en de rares occasions.
Quatre souvenirs d'enfant me sont toujours restés en mémoire.
  • Le premier concerne le jour où enterré vivant par une bombe qui avait explosé non loin de lui il s'est sorti de ce mauvais pas "en grattant la terre de mes doigts, comment voulais-tu que je fasse autrement" m'avait-il dit simplement...
  • Le deuxième concerne son camarade de toujours Louis Massé avec lequel il allait, la nuit, chercher sur le champ de bataille, un peu de viande qu'ils découpaient sur des mules mortes pour améliorer leur quotidien...
  • Le troisième concerne les "quelques efforts" qu'il faut savoir faire pour survivre dans son cas, vivre dans le mien. J'étais un enfant un peu fragile à 7 ans et il fallait absolument que je mange de la viande, chose que je n'arrivais pas à faire pour toutes les bonnes et mauvaises (surtout) raisons de l'enfant... Il avait quant à lui, dans son enfance, horreur de boire du lait et n'en buvait jamais, jusqu'au jour où... "ce fut le seul moyen de survivre..." Ainsi me rappelait-il qu'il avait survécu aux "gaz asphyxiants" grace au remède miracle qui consistait à boire du lait autant qu'il pouvait le faire toute la journée à l'hôpital... mission accomplie !
  • Le quatrième est sans doute celui qui fut le plus terrible et sur lequel il ne s'étendit jamais. Il concerne tous les moments où il dut aller s'occuper des blessés, des mourants et des morts déchiquetés et le plus souvent en lambeaux. Ce furent les jours et les nuits où il fut brancardier, en particulier pendant la dernière année, en 1918. Cela coïncide avec l'arrêt des notes sur son carnet. C'est peut-être, mais il ne l'a jamais dit, la raison de son silence. L'indescriptible horreur que l'on ne veut et ne peut faire partager à personne surtout pas à ceux que l'on aime pour les protéger de ces atrocités.

La fin des années de feu venue, l'espoir en des "jours heureux" permettait de penser à un avenir serein.

La vie allait enfin pouvoir commencer.

Le 25 novembre 1920 naissait Louise, ma mère

ici à 14 ans
Le 13 Août 1942 naissait Jean-Claude

à 4 ans
à la pêche au goujon au pont du Girou au Bourg St-Bernard
 
 
Marie et Jean en 1952
Le 26 octobre 1964 naissait Isabelle leur arrière-petite-fille que Bonne maman Marie n'a pas connue. Puis Frédéric le 14 avril 1968 leur arrière-petit-fils qu'ils ne connurent pas.
... leurs arrières-petits-enfants avec leurs arrières-arrières-petits-enfants:
 
Louise - Antoine - Isabelle

Marie - Margaux - Frédéric - Jeanne - Martin - Lucie
2018

 
 
à suivre...

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